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I.     Contexte et justification

 La malnutrition est considérée comme un problème majeur de santé et de développement au Burkina Faso du fait qu’elle est la cause sous-jacente de 35 % des décès. En effet, en 2018 Selon l’enquête SMART, le taux actuel de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans est de 6,9 %. Cependant, l’on note une disparité géographique. Les régions qui enregistrent les taux les plus élevés sont le Sahel (14,2%), l’Est (9,6%), le Sud-ouest (8,9%) et le Centre Nord (8,3%). La région du Sahel a un taux supérieur aux seuils d’alerte de 10% selon la norme de l’organisation mondiale de la santé (OMS). Quant à la chronique elle est estimée à 25 % à l’échelle nationale. Les régions qui enregistrent les taux les plus élevés sont le Sahel (42,2%) et l’Est (31,4%).[1]

La malnutrition est la deuxième cause de décès des enfants de moins de 5 ans. La malnutrition et la faim sont causées par de multiples facteurs. Pour lutter efficacement contre ces fléaux, il faut une approche globale avec l’implication des différents acteurs.

C’est à ce titre que les acteurs du Gouvernement, de la Société civile, des Nations Unies ainsi que les Partenaires techniques et financiers se sont investis surtout ces dernières années pour inverser les tendances. Plusieurs engagements ont été pris par l’Etat burkinabè en faveur du renforcement de la lutte contre la malnutrition. Le pays a adhéré en 2011 au mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) dont le but principal est de contribuer à la réduction significative et durable de la sous-nutrition, et à l’amélioration de la santé et de la prospérité des générations futures. Cette adhésion lui donne l’opportunité de participer aux grandes conférences régionales et internationales sur la santé/nutrition. Le pays s’est engagé par voie de conséquence à différentes instances à s’investir davantage dans la lutte contre la malnutrition. Ce fut le cas par exemple du Sommet de Londres en 2013, où le Burkina Faso avait pris des engagements dans le cadre du Pacte Nutrition pour la Croissance (N4G).

Depuis décembre 2014, les acteurs de la société civile burkinabè ont estimé l’importance de se réunir au sein d’un réseau pour le renforcement de la nutrition au Burkina Faso. Le RESONUT (réseau de la société civile pour la nutrition) a ainsi été mis en place. Le RESONUT compte à ce jour 37 organisations membres, sous la présidence de l’ONG Action contre la Faim Burkina Faso. Il travaille avec la vision de faire du Burkina Faso un pays exempt de malnutrition et de faim. Il mène des activités de plaidoyer afin d’influencer les décideurs au niveau national.

Le RESONUT s’évertue au suivi des engagements pris par le Burkina Faso en faveur de la nutrition. En guise de rappel, lors du Sommet mondial Nutrition pour la Croissance (N4G) du 8 juin 2013, le Burkina Faso s’est engagé notamment sur les points suivants :

  • Les taux de la malnutrition chronique passent de 39,2% en 2012 à 25% en 2020.
  • La malnutrition aigüe passe de 10,9% en 2012 à 8% en 2020.
  • Les taux d’allaitement maternel exclusif augmentent et passent de 38,2% en 2012 à 60% en 2020.

Au Burkina Faso, la prise en charge de la malnutrition est principalement dépendante d’acteurs extérieurs, avec peu d’investissements domestiques, c’est ce que révèle l’analyse budgétaire conduite en 2016 par le RESONUT sur les budgets 2014 et 2015 de l’Etat et des PTF. Si le pays s’est engagé dans une réflexion pour une approche multisectorielle en nutrition, les secteurs et ministères contributeurs à la lutte contre la malnutrition (eau, assainissement, éducation, protection sociale, sécurité alimentaire, droits humains) restent peu engagés. Autant dire que les besoins d’investissements publics pour la nutrition sont nombreux et nécessaires.

La nécessité de mieux suivre les investissements des gouvernements et des partenaires techniques et financiers (PTF) liés à la nutrition a été affichée peu après le début du mouvement SUN. En effet, le suivi des budgets est essentiel tant pour les décideurs politiques, que pour les citoyens et les bailleurs. Les gouvernements ont besoin de données budgétaires fiables afin de prioriser et planifier leurs dépenses, de prendre des décisions judicieuses concernant l’allocation des financements, et de contrôler et évaluer la mise en place des politiques. Les citoyens souhaitent que les gouvernements rendent compte de l’utilisation des fonds obtenus via l’imposition, pour lesquels il faut une transparence sur les investissements publics engagés. Une analyse détaillée du budget des partenaires techniques et financiers et du gouvernement burkinabè permettra donc d’identifier la part financière allouée à la nutrition (en comparaison avec d’autres programmes) et de déterminer la manière dont les autres programmes soutiennent la nutrition.

Depuis mai 2018, le RESONUT met en œuvre un projet dénommé Changer-Agir-Progresser (CAP) pour un Burkina Faso sans malnutrition. Dans ce cadre, il est envisagé la réalisation d’une analyse des budgets des Partenaires Techniques et Financiers pour la période 2016 à 2018. En collaboration avec le Ministère de la Santé à travers le Secrétariat technique chargé de l’Alimentation et la Nutrition, la Direction de la Nutrition, et le bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre d’Action contre la Faim (Dakar), cette étude vient en complément à celle réalisée sur la même période par le Ministère de la Santé et UNICEF en 2018. Les résultats qui en sortiront permettront de suivre l’évolution des financements en faveur de la nutrition. Ces évidences permettront de poursuivre les efforts communs de plaidoyer pour faire avancer la cause de la nutrition au Burkina Faso.

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II.   But et objectifs de la consultation

 L’objectif de cette analyse budgétaire est de déterminer le montant des fonds alloués à la fois aux interventions sensibles et spécifiques à la nutrition, telles que définies par la revue Lancet de 2013. Parce que la nutrition est un sujet multisectoriel, elle requiert une analyse couvrant plusieurs ministères pour ce qui est du budget de l’Etat. Par conséquent, l’analyse devra porter sur les différents budgets des principaux partenaires techniques et financiers s’investissant dans la nutrition.

Le but global à long terme de cette analyse est de faire des comparaisons entre les investissements des partenaires techniques et financiers et ceux du gouvernement.  Afin d’accomplir cette mission, la consultance et ses résultats seront utilisés pour promouvoir un dialogue avec les autorités publiques sur les manières d’augmenter l’efficacité, l’équité et l’efficience des dépenses publiques en matière de nutrition.

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III. Méthodologie

 Une analyse de l’allocation des fonds dédiés à la nutrition par les partenaires techniques et financiers de 2016 à 2018, afin de pouvoir présenter de potentiels augmentation/diminution et progrès. Elle se fera sur la base de la « méthodologie de suivi du financement de la nutrition, mars 2018 », issue d’un groupe technique de réflexionouest-africain conduit par le bureau régional d’Action contre la Faim (WARO) et celui de UNICEF tous basés à Dakar au Sénégal. Cette méthodologie fondée sur la méthodologie du SUN (Patricia Fracassi) est une adaptation qui convient mieux à nos contextes.

L’objectif ici sera d’établir une compilation des allocations budgétaires les plus précises possibles en faveur de la nutrition. L’analyse devra apprécier les sommes d’argent allouées aussi bien aux interventions spécifiques que celles sensibles à la nutrition.

En menant cette analyse budgétaire, le consultant s’appuiera sur des collectes de données et des revues littéraires (analyses budgétaires antérieures-cas des analyses budgétaires 2014 & 2015, et celles de 2016-2018 pour la part de l’Etat), sur des entretiens avec des informateurs clés, et des groupes de discussion).

 Le consultant pourra calculer l’allocation globale par tête / par personne, en fonction du montant total du budget nutrition, ou de l’allocation par tête pour certains programmes spécifiques liés à la nutrition étant donné que les chiffres par habitant sont en effet plus parlants et donc plus faciles à suivre et à comprendre.

Les résultats seront ensuite utilisés pour soutenir les actions de plaidoyer du RESONUT, ainsi que de tous les acteurs de la nutrition.

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IV.            Missions du consultant

 Effectuer une revue de littérature et collecter les informations pertinentes sur les thématiques développées ci-dessus ;

  • Utiliser de bout en bout la méthodologie consensuelle Afrique de l’Ouest (Action contre la Faim, UNICEF…), auparavant mentionnée, pour analyser les données financières de 2016 à 2018 ;
  • Travailler en étroite collaboration avec le RESONUT, le Point focal SUN et les Commissions qui seront mises en place pour la conduite de l’étude ;
  • Mener des discussions avec le RESONUT, le Point focal SUN, UNICEF, etc. et inclure les amendements dans le rapport final ;
  • Interroger des partenaires clés pour avoir des informations complémentaires ;
  • Analyser les données, en tirer des conclusions et formuler des recommandations clés à même d’indiquer les voies à suivre pour que le budget réponde de la manière la plus adaptée possible aux besoins actuels dans le secteur de la nutrition ;
  • Comparer les conclusions avec les priorités liées à la nutrition / le plan budgétisé du gouvernement ; les allocations des Partenaires Techniques et Financiers ;
  • Comparer les résultats à ceux de l’analyse du budget de l’Etat 2016-2018 ;
  • Calculer la somme qui serait nécessaire pour réduire la malnutrition selon les cibles nationales fixées par le gouvernement, et évaluer ces objectifs ;
  • Préparer une liste de ressources et documents destinés à être utilisés pour d’autres consultations ;
  • Organiser un groupe de travail pour présenter les conclusions au RESONUT et aux autres parties prenantes et discuter des recommandations et des étapes à suivre.Â

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V.  Résultats attendus

  • Le consultant devra présenter durant la première semaine suivant le début de sa mission un rapport initial de 5 pages maximum, définissant un programme de travail, un calendrier provisoire et la méthodologie détaillée. Ce rapport initial sera discuté avec le RESONUT.
  • Une présentation PowerPointdevra être exposée au RESONUT, à UNICEF et au réseau SUN des Nations Unies, avec la participation du point focal STAN (Secrétariat technique Alimentation et Nutrition) à la fin de la mission. Elle se concentrera sur les principales conclusions et recommandations issues de l’étude.
  • Un rapport final de 30 pages maximum (annexes exclues) devra clairement exposer les constats, conclusions et recommandations. Ce rapport devra contenir deux parties clairement distinctes, une sur les allocations budgétaires et une autre sur les dépenses, avec comparaison des montants des bailleurs de fonds et de l’Etat, et une autre comparaison entre les données de 2014 à 2015 et celles de 2016 à 2018.
  • Le consultant devra élaborer un résumé succinct de 3 pagesqui servira de base aux futurs dialogues et à la dissémination des résultats obtenus.
  • Le rapport final devra être soumis dans les 10 jours suivant la fin de la mission.

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VI.            Termes et conditions

Le contrat sera géré par le RESONUT, et l’étude sera supervisée par une équipe technique composée du RESONUT, d’Action contre la Faim Burkina Faso et le Bureau régional Dakar ainsi que du Point focal SUN pays ; des commissions multisectorielles vont appuyer le Consultant dans la réalisation de l’étude ;

  • Le poste est à pourvoir à Ouagadougou, Burkina Faso, dans les locaux du RESONUT ;
  • La tâche s’étalera sur 30 jours de travail et devrait être accomplie dans l’idéal d’ici à la fin du mois d’avril 2020.

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VII.   Profil recherche et compétences attendues

  • Formation technique en santé publique, nutrition, développement ou sciences politiques ;
  • Expérience confirmée dans la conduite d’analyse budgétaire axée sur la nutrition ou tout autre secteur pertinent (santé, sécurité alimentaire, agriculture) ;
  • Compréhension approfondie des problématiques liées à la nutrition et à la santé au Burkina Faso ;
  • Excellente connaissance de l’organisation du système de santé et autres secteurs contributeurs de la nutrition ;
  • Une expérience confirmée en ONGs est un avantage ;
  • Un bon relationnel avec le monde des ONG, Associations (nationales et internationales), et autres partenaires techniques et financiers au Burkina Faso est un atout ;
  • Capacité confirmée à présenter des documents écrits clairs, concis et d’une manière intéressante/convaincante à destination d’un public diversifié ;
  • Excellentes capacités d’analyse et d’expérience en matière d’analyses quantitatives et qualitatives ;
  • Esprit d’initiative et capacité à travailler de manière autonome au sein d’équipes multiculturelles

VIII.        Candidature

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Si vous êtes intéressé(e) par cette offre de projet de recherche, merci de nous envoyer vos CV, lettre de manifestation d’intérêt, proposition technique et proposition financière comprenant un chronogramme détaillé des étapes de réalisation/finalisation de la recherche, le forfait journalier, modalités et autres conditions aux contacts suivants :

 La date limite du dépôt des dossiers de candidature est fixée au 16 mars 2020 à 12H00. Â

Pour plus amples informations, prendre attache avec l’équipe Plaidoyer & Communication du RESONUT,(+226) 75 57 42 95 ou 75 57 42 94.

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N.B. : Suite aux versions numériques, les offres physiques (3 exemplaires dont 1 en couleur) doivent être déposées directement au bureau du RESONUT, secteur 22, Zogona non loin du Centre Médical AGIR.

 Hermann GOUMBRI

Coordinateur National du RESONUT

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[1] SMART 2017, Direction de la Nutrition.