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La présente étude a pour objectif d’évaluer les mécanismes de coordinations des programmes multisectoriels au Burkina Faso et dans la sous-région, afin de proposer un modèle d’ancrage institutionnel adapté pour la nutrition au Burkina Faso.
Il s’est agi d’une étude basée sur la revue documentaire et une enquête de terrain effectuée du 1er au 28 février 2017. Un échantillon raisonné des organes institutionnels ayant un mécanisme de coordination à caractère multisectoriel ont été retenus pour l’étude. Nous avons réalisé des entretiens de groupe (focus), un entretien d’experts ainsi que des entretiens individuels approfondis. Ces éléments ont été également renforcés par la recherche documentaire et la revue bibliographique dans le domaine de la nutrition au Burkina Faso et dans les pays concernés. Les principaux facteurs qui limitent la fonctionnalité des mécanismes de coordination multisectorielle ont été :
Le degré d’implication des personnes ressources des secteurs concernés. Lorsque les premiers responsables sont sensibilisés et engagés, ils s’impliquent mieux dans le fonctionnement des mécanismes de coordination et donnent une bonne impulsion à suivre.

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Le partage d’information
La participation des membres des différents organes, des points focaux ne donne pas généralement lieu à la rédaction d’un compte rendu archivé et au partage d’information avec les autres membres du secteur. On assiste souvent à une perte de la mémoire des activités réalisées ainsi que des recommandations à mettre en oeuvre en cas de mobilité des acteurs clés.
La coordination horizontale
Elle semble réduire l’autorité du ministère de tutelle vis-à-vis des autres ministères et aussi la redevabilité des autres ministères vis-à-vis de la plateforme multisectorielle.
Mobilité des personnes impliquées
La mobilité des personnes ressources impliquées dans le mécanisme de coordination multisectorielle constitue un frein à la mise en oeuvre des activités et impacte négativement sur la redevabilité du secteur concerné.La motivation intrinsèque des acteurs est très importante pour dynamiser les plateformes multisectorielles et opérationnaliser les politiques nationales. Lors du focus, il a été déclaré :
« Dans tous les cas, il faut disposer d’une équipe motivée ce qui n’est pas souvent évident, et cela demande un travail de plaidoyer, lobbying, managements. Des moyens, des équipements, etc.». (focus).
L’instabilité institutionnelle
Les instabilités institutionnelles à type réaménagements ministériels peuvent poser des problèmes juridiques d’application des décrets, des conflits de leadership entre ministères.
Elle peut entraver la motivation et l’implication d’acteurs clés de la coordination de la MEO de politique spécifique et ainsi limiter la réalisation des objectifs attendus. Plusieurs changements de composition de ministères ont eu lieu au Burkina. C’est le cas du ministère de l’hydraulique et des ressources halieutiques et la sécurité alimentaire, de la santé et l’action sociale.
La contribution de l’état (budget)
La faible contribution du budget de l’Etat à la mise en oeuvre des politiques et programmes limitent la portée et l’impact de ces politiques et pourrait contribuer à dévier les activités par rapport aux lignes politiques au profit des agendas de partenaires au développement ou autres bailleurs contribuant majoritairement dans le financement d’ activités en lien avec le domaine de la plateforme multisectorielle mais pas nécessairement en phase avec les visions, les stratégies et les priorités du moment.
Les principaux facteurs de réussite ont été :
La tenue des cadres de concertation
Quel que soit le type d’ancrage, l’effectivité de la tenue régulière des cadres de concertation permet un meilleur fonctionnement.
L’implication des autres secteurs dans la conception des politiques, des programmes et projets.
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L’implication de tous les secteurs concernés est un facteur de réussite. Cela permet d’harmoniser au maximum les points de vue, de mieux assurer l’implication et l’appropriation de la politique et aussi de mieux suivre la mise en oeuvre des activités. Elle est une condition nécessaire de la redevabilité.
L’accessibilité du premier responsable
L’accessibilité du premier responsable est un facteur important de réussite de la coordination multisectorielle. Elle se pose autant bien au niveau des mécanismes de coordination ministériels que supra-ministériels. L’élément déterminant reste le niveau d’ancrage de l’organe de coordination (secrétariat permanent). Dans tous les cas, il est important qu’il soit le plus proche de l’instance d’orientation et de décision (conseil national)
Le dynamisme des plateformes de coordination
En dehors des cadres réglementaires, le fait que l’organe de coordination central puisse interagir avec les différents secteurs et autres partenaires au besoin en allant vers eux de manière informelle pour expliquer les textes, expliciter ce qui est attendu d’eux dans le cadre de la mise en oeuvre d’une politique nationale et discuter des difficultés permet de mieux réussir l’intégration des autres secteurs et de mieux réussir la coordination. Cela implique d’avoir des moyens financiers conséquents. L’instauration de cadres de concertation partenariales avec les différents secteurs (exemples : secteurs techniques, ONG et secteurs privés, Partenaires au développement) avant les tenues des cadres communs ou généraux s’avère porteur dans certaines plateformes multisectorielles.
Au regard de ces facteurs nous proposons un modèle à ancrage supra ministère pour la nutrition au Burkina Faso avec un Secrétariat permanent et une coordination technique.